Cette question est très souvent posée, à juste titre, par les consommateurs de produits riches en cannabidiol (CBD), notamment en ce qui concerne le risque en cas de contrôle routier.
Pour y répondre, il est important de se concentrer sur deux aspects :
- Réglementaire : comment la législation encadre la consommation du CBD dans le cas de la conduite ;
- Physiologique : comment le CBD peut-il affecter la conduite.
Que dit la réglementation sur le CBD et la conduite ?
A ce jour, il n’existe aucune réglementation, ni en France, ni au sein de l’Union européenne sur l’utilisation du CBD dans le cadre spécifique de la conduite.
En revanche, la consommation du tétrahydrocannabinol (THC) est bien encadrée.
Le THC et le CBD sont des composés naturels présents dans la plante de chanvre (Cannabis Sativa L.). Toutefois, les deux molécules sont bien différentes. Le CBD est tout à fait légal et ne produit pas de troubles cognitifs. Le THC, à l’inverse, possède des effets psychoactifs puissants et peut provoquer des perturbations cognitives lorsqu’il n’est pas utilisé dans un cadre thérapeutique. Pour cette raison, le THC est considéré comme un stupéfiant¹ et sa consommation est illégale en France, au même titre que certaines drogues.
Ainsi, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a établi en 2015 une dose de référence aiguë (DARf) de 1 μg de THC/kg de masse corporelle (mc) à ne pas dépasser dans les produits alimentaires². Les produits au CBD sont donc concernés par cette réglementation et les distributeurs doivent s’y conformer.
Ce qui signifie que la commercialisation et la consommation de produits au CBD contenant de faibles traces de THC inférieures à la dose de référence sont bien autorisés. Ces produits sont généralement identifiés avec la mention “spectre complet” (“full spectrum“).
Pourtant, une contradiction subsiste entre ce texte et le code de la route.
En effet, le code de la route interdit la conduite après usage de substances ou plantes classées comme stupéfiants, ce qui est donc le cas du THC, et ce quelque soit la concentration consommée³.
La seule présence de THC lors de dépistage par tests salivaires ou d’analyse de sang dans le cadre d’un contrôle routier par les forces de l’ordre (police, gendarmerie) suffit à mettre le conducteur dans une situation illégale entrainant un risque d’amende, un retrait du permis de conduire, voire des poursuites judiciaires.
Pour résumer, conduire après avoir consommé du CBD est autorisé SEULEMENT si le produit ne contient pas de THC.
Un test salivaire peut-il être positif avec le CBD ?
Une étude⁴ menée en Australie sur 17 participants et portant sur le CBD pris par voie orale a analysé l’impact de cette prise sur des tests salivaires de dépistage du THC utilisés par les autorités lors d’un contrôle routier. Ni les tests salivaires, ni les analyses en laboratoire n’ont détecté de THC.
Par ailleurs, une équipe française a mené une étude clinique préliminaire⁵ avec 8 volontaires qui ont consommé du CBD pur par le biais de la vaporisation. Chaque participant a inhalé vingt bouffées de trois secondes chacune, espacées de trente secondes, d’une cigarette électronique contenant 100 mg/ml de CBD. Aucune trace de THC n’a été retrouvée dans le sang des participants après 15 et 45 minutes.
Ces résultats remettent en question l’idée préconçue que le CBD peut se transformer en THC dans le corps ou causer des faux positifs en raison d’une réaction croisée dans la méthode de détection.
Le CBD peut-il impacter votre capacité à conduire ?
Si le CBD est considéré comme sûr et bien toléré par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la sensibilité au CBD peut varier d’une personne à l’autre selon de nombreux facteurs physiologiques comme le poids, le sexe, et plus largement le métabolisme. Ainsi, certaines personnes peuvent rencontrer une somnolence légère après avoir consommé du CBD, ce qui peut potentiellement affecter la conduite.
Le CBD est métabolisé par l’organisme au bout de 8h, en moyenne. C’est-à-dire, que 8h après avoir consommé du CBD, celui-ci n’est plus actif. Il peut en revanche prendre plusieurs jours avant d’être complètement éliminé de l’organisme.
Quelques études⁴ ⁶ se sont intéressées aux effets du cannabidiol sur la conduite et ont indiqué que celui-ci n’altérait pas les fonctions cognitives ou les performances de conduite.
Si vous avez des doutes sur votre capacité à conduire après avoir consommé un produit au CBD, par mesure de précaution, ne conduisez pas.
Quelles précautions prendre pour conduire après avoir consommé du CBD ?
Pour éviter toute infraction au volant, il est recommandé de bien sélectionner les produits au moment de l’achat :
- éviter les produits à spectre complet (“full spectrum“) car ils présentent des traces de THC pouvant être détectées lors de contrôle routier ;
- favoriser l’utilisation des huiles de CBD plutôt que les fleurs de CBD car ces dernières contiennent naturellement des traces de THC. Une fleur brute vendue comme “sans THC” a été lavée avec des hydrocarbures afin de baisser voire éliminer le THC – les résidus de solvants sont nocifs pour la santé et impactent la qualité du produit.
- privilégier les produits à spectre large ou isolat car ces extraits de chanvre ont subi une étape de purification du THC au moment de l’extraction ;
- exiger le certificat d’analyse de cannabinoïdes correspondant au lot de produit concerné, auprès du distributeur, pour s’assurer de l’absence de THC ;
- conserver la facture d’achat de votre produit.
Sources :
¹ Arrêté du 22 février 1990 fixant la liste des substances classées comme stupéfiants
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